Wolf Dreams in the Night
Voici à quoi j’emploie parfois mes nuits :
Nuit du 24 mars 2004
Me promenant dans une ville de l’hémisphère austral, je découvre dans le ciel nocturne la constellation de la Croix du Sud. Les quatre étoiles qui la composent clignotent deux à deux en échangeant leurs positions. Dans la vitrine d’un magasin, je vois un réveil décoré par Giuseppe Pinot-Gallizio d’une carte d’où trois flèches matérialisent des lignes de force psychogéographiques partant du sud de la France en direction de l’Italie du Nord. Je rencontre une jolie fille, blonde aux cheveux courts, vêtue d’un petit blouson de cuir marron clair porté sur une robe blanche. Elle me donne des nouvelles d’un ami d’origine allemande, W., que je n’ai pas revu depuis trois ans, et m’apprend qu’il tient un kiosque à journaux à Paris, près de la boutique d’une Iranienne, dans le Quartier latin. Nous entrons dans un lieu public indéterminé où je vais aux toilettes. Elle se glisse derrière moi et nous faisons l’amour.
Nuit du 29 mai 2012
X. et moi dérivons dans Paris. Il fait nuit noire, nous sommes nus, c’est l’hiver, et pourtant nous n’avons pas froid. Les rues sont désertes. Nous sommes absolument seuls. Nous laissons derrière nous la Gare de l’Est et arrivons au début de la rue du Château-Landon, où j’ai habité durant toute mon enfance. Mais les réverbères sont tous éteints et la rue est plongée dans un noir d’encre. Inutile de nous y engager, je ne pourrais montrer à X. l’immeuble où j’ai vécu tant d’années, on ne distinguerait rien. À ce moment, les premières lueurs de l’aube apparaissent, et au-dessus de la ville se dessine une montagne couverte de neige sur laquelle se détachent quelques maisons et des bouquets d’arbres. Je me dis que c’est la Butte-Montmartre, mais sans y croire vraiment. Nous allions reprendre le Faubourg Saint-Martin vers le nord, quand nous remarquons que le trottoir de droite, curieusement dégarni de maisons, borde une petite colline qui s’élève en pente douce. J’aperçois au sommet plusieurs loups qui nous regardent. L’un d’eux descend jusqu’à nous. Il est très beau, il a un superbe pelage argenté et des yeux bleus, et s’approche en quête de caresses. Je le prends dans mes bras, je caresse sa fourrure, que je sens si douce sur ma peau, et X., elle aussi, fait de même. Nous sommes nus, mais nous sommes en pleine confiance, nous savons que les loups sont nos amis et qu’ils ne nous feront aucun mal. X. et moi nous nous embrassons tout en tenant la tête du bel animal serrée entre nos deux poitrines.