Le groupe surréaliste de Paris
Un microbe nous engloutira
De plus en plus loin vers les microbes aux couleurs étincelantes
de plus en plus bas à peine retenus par des pinces à linge
nous descendons dans la 13e dimension du temps
qui a dispersé ses statues jusque dans les ruches microscopiques de ta peau
Presque immobiles mais pas tout à fait perdues au fond de quelque pore
elles s’avancent entre les poils hérissés
de froid ou de terreur
Nous étions là à les contempler à la loupe
Notre œil leur apparaissant trop grand tournait de droite à gauche
pour comprendre leurs danses de très petits pas de trois
sur le rythme d’une musique inaudible qu’ils nous laissaient deviner
De toutes petites notes rythmées par de minuscules silences
dansent à pas d’alouettes
à sauts d’agneaux
à vols d’oiseaux-mouches
Et que font nos infimes signatures
au bas des papillons incendiaires qui parsèment la ville ?
Quand les corbeaux transpercent de leurs becs aiguisés la nuit
jusqu’à ce qu’elle saigne
et que tout le sang de la nuit se condense à l’horizon
afin qu’un rond soleil rouge se lève sur l’océan
moi
tout petit sous les jupes des vagues
je lorgne
j’accommode mon culot sur la mise au point
d’une ouverture qui m’engloutira
Guy Girard, Pierre-André Sauvageot, Élise Aru, Joël Gayraud, Alfredo Fernandes, Claude-Lucien Cauët
16 mai 2018