Daphnée Azoulay

Verdict à l’écart

On me dit de me coiffer
De m’habiller différemment et je crois qu’il est préférable que je parte

Nous nous cachons
Pour arrêter le flot
Fenêtres fermées
Nous sommes en même temps dans un pays de verre
De routes très ensoleillées

Il faudrait que je voie
Le paysage irrationnel se refermer
Des êtres aussi bons que méchants
Se développer dans le noir

Nous allons dans le placard
Étirer les murs de papier
On ne sait pas si c’est le hasard
De vivre comme des fous
Nos rires sont imbibés de ciment
Le reste s’évapore

J’ai mesuré le conflit
La normalité est rare
Ma liberté se fraye dans l’esprit
Rappelons que l’heure s’envenime
Face à un monde d’artifices
Et de consolations

Ma gorge a des écailles
A pris la forme
Des âmes fripées
Sans savoir où aller
J’ai décomposé les caillots
Caché tous les morceaux

De ce tableau
Je me retire
Pour couver
Sans ralentir
En traînant dans les algues