Antonella Gandini

Soliloque pour une hypothèse de voyage

L’histoire comprend un sujet, une figure solitaire qui voyage à travers le temps et l’espace, une créature très similaire à sa créatrice.

Incorruptible, elle n’a pas d’âge, elle se console en regardant l’éternité, un espace infini l’accueille et la solitude profonde lui donne un sentiment de paix.

Nous ne sommes pas là pour nous étonner, le monde tangible est perdu, pour ne pas être pris d’angoisse nous poussons plus loin. Nous abandonnons les objets remplies de mélancolie et suivons cette silhouette élancée qui n’a pas de but. Maintenant, elle se penche dans les profondeurs, sans crainte, scrute l’océan.
Une vague anomale peut l’attraper soudainement, alors que le ciel lumineux et froid annonce la prochaine aurore boréale.

Le voyage virtuel continue, la figure songe des nouvelles images libérées des entraves insupportables de la matière, leur royaume est la chambre noire. Ils apparaissent comme des mirages en noir et blanc, le voyage s’achève rapidement, en un clin d’œil.

Nous sommes la mesure du temps. Il n’y a pas de frontières, voyager est simple, naturel, aucun chemin ne s’interpose entre la pensée et l’action.

La figure regarde au loin, une créature surprise par sa propre solitude. Un horizon inconnu l’interroge sur l’avenir, demain sera-t-il le même qu’aujourd’hui? Un présent éternel nous attend sans interruption ni discontinuité? La peau sensible sent la brise marine piquer comme une épingle, un éclair de lumière traverse l’atmosphère chargée d’électricité.

La pierre philosophale a quitté le monde, quelque chose émerge du bleu profond qui n’est pas visible à l’œil nu, es-tu mon amour?

La vague étouffe les mots prononcés dans une langue incompréhensible, baigne des plages désertes, des visages nobles, des signes évidents d’une humanité disparue, des traces d’animaux et de plantes sillonnent le sable, des empreintes de pas inconnues, des raccourcis qui obligent à se pencher pour continuer. Hypothèse risquée, la géographie, nous sommes la mesure de toutes choses.

Le labyrinthe de la vie bifurque à bien des voies, de nombreuses possibilités inattendues. Des racines affamées parcourent la terre, des veines saturées de lymphe se perdent dans le néant encourageant une vaine recherche.

Je me réveille, songeuse et seule, la vie m’a convaincu de négocier avec l’obscurité.

Figure surprise par sa propre solitude, photografie analogique